La Mythologie de LOVECRAFT #1 Cosmogonie & Bestiaire
- Les créatures du mythe
- Des hommes et des dieux
Le sombre et froid cosmos, au cœur des tenebres de son infini, telle était leur demeure. Une demeure qu’ils quittèrent pour coloniser des planêtes comme la Terre alors sans vie et primitive. Car oui nous ne sommes pas seuls, ils étaient même là bien avant nous. Il y a plusieurs milliards d’années, à la jeunesse de notre planète, des entités extra-terrestres cauchemardesques, issues des confins de l’univers, vinrent la coloniser. La Terre fut ainsi le théâtre d’oppositions cataclysmiques pour sa possession entre ces entités titanesques à l’intelligence et à la technologie inimaginables. Ces êtres cosmiques pouvaient voyager entre les étoiles sans aucun véhicule et possédaient, pour certains, la technologie du voyage temporel. Ce sont eux qui furent à l’origine de la vie terrestre, nulle divinité démiurge donc, juste des êtres aux connaissances inouïes. Cette vie fut créée pour les nourrir, les servir et certaines de ses formes par erreur. Puis une des factions de ces entités usa de magie noire et fut alors bannie et emprisonnée dans les entrailles de la Terre, dans ses abysses sous-marins ou dans le vide interstellaire : Ils sont les grands anciens. D’autres entités, comme la Grande Race de Yith ou les Choses Très Anciennes s’établirent sur Terre, édifiant des cités cyclopéennes qui sont les ruines d’aujourd’hui, situées dans des zones désertiques ou englouties par les flots. Des civilisation pré humaines. Puis l’évolution fit son œuvre et l’homme se redressa. Il n’était en rien un souhait pour ces entités mais le résultat de l’évolution elle-même. Dés lors l’humanité, confrontée aux vestiges de ces cités extraterrestres et à des apparitions de leurs bâtisseurs, se créa des mythes à son échelle pour mieux les expliquer. Ainsi naquirent les religions, mythologies, légendes et superstitions de notre civilisation… La croyances fit ainsi office de palliatif à nos lacunes. Mais les Grands Anciens cherchent à s’éveiller et à se libérer, à retrouver leur grandeur d’antan et ainsi asseoir leur domination sur l’univers. Et pour ce faire ils manipulent l’homme, faible créature guidée par sa soif de connaissance qui ne peut que le mener à sa perte.
Dans sa Mythologie fictive, l’auteur H.P. Lovecraft exhume et révèle les terreurs de l’infini cosmique et des profondeurs abyssales. Le lecteur de ses récits est ainsi témoin des forces cosmiques et du paradigme cosmologique à l’œuvre, comme s’il observait au travers d’une fenêtre donnant sur l’inconnu et sur son immensité. Je vous invite donc à ouvrir cette fenêtre et à vous plonger dans l’univers horrifique, ésotérique et cosmique de Howard Phillips Lovecraft.
Selon les récits de l’auteur de Providence USA, notre univers serait donc régi par des entités extra-terrestres depuis les confins de l’uinivers ou depuis le cœur même de notre planête. Certains y seraient captifs ou endormis, d’autres œuvreraient dans les mystères ésotériques ou depuis les espaces interstellaires.
Il est difficile de dresser un tableau ordonné de ces entités, notamment par l’élaboration d’un panthéon hiérarchisé. En effet initialement Lovecraft les inclut indépendemmment dans des nouvelles qui furent reliées à posteriori. Ce qui donne naissance à des incohérences ou à une certaine confusion, notamment dans les termes.
Cependant On ne peut pas parler de panthéon organisé ou hiérarchisé quand on pense à la mythologie de Lovecraft car ses entités, qu’elles soient divinisées ou non, ne sont pas une création humaine comme le sont les dieux terrestres. Elles ne se comportent donc pas comme les hommes et ne sont pas régies par les mêmes préceptes de morale, de société ou de comportement. Lovecraft rompt ainsi avec l’image d’Épinal du groupe anthropomorphique familiale ou sociétal des autres mythologies. Ceci se rajoute au processus de rédaction qui ne fut ni homogène ni réfléchit, tout du moins pas à ses origines.
Lovecraft place quelques indices avec parcimoonie qui nous aideront à avancer dans notre ébauche de panthéon cohérent. Mais le terme de panthéon n’a jamais été utilisé par Lovecraft car ce terme désigne une classification par les hommes. Les hommes créent les dieux, or les entités de Lovecraft elles sont indépendantes des hommes. De plus initialement sans doute n’avait il pas pensé ses entité comme des divinités et ne cherchait il pas à les lier les unes aux autres.
Dagon est un bon exemple de cette évolution. Dans le premier texte éponyme dans lequel il apparaît, il n’a rien de divin, ce n’est qu’un monstre marin, alors qu’il est divinisé par la suite comme dans le Cauchemar d’Innsmouth.
Sans doute l’œuvre de Lovecraft suivit le même procédé en évoluant constamment et en se structurant. Car rappelons le son univers est issu de nouvelles publiées les unes aprés les autres et non d’un ouvrage pensé du début à la fin. Lovecraft semble ainsi improviser et faire évoluer sa mythologie progressivement.
Mais encore une fois tout reste flou aux limites non définies et changeantes.
C’est pourquoi il est très complexe d’organiser avec certitude, un panthéon conforme aux idées de l’auteur, car lui même, semble-t-il, ne l’avait pas défini. En perpétuel évolution et non structuré il laisse beaucoup de place à l’interprétation que ce soit dans le rôle ou dans la terminologie.
Notons également que la divinité de ces entité n’est apportée que par les protagonistes de ces récits, l’auteur en aucun cas ne les conceptualise ainsi. Ce sont des entités extra-terrestres que l’homme déifie pour mieux les expliquer et les comprendre, grâce donc à un phénomène de mythification.
Les humains de ses romans se référent alors à de sibyllines légendes, des textes interdits et à la réminiscence d’antiques termes qui parfois s’entremêlent pour les appréhender.
C’est la raison pour laquelle la dénomination de ces groupes d’entités peut changer selon le récit tout comme leur nature, rendant alors très complexe la compréhension de leur appartenance. Sans doute est-ce aussi un effet de l’auteur cherchant à nous perdre afin que l’on ressente ce sentiment d’incompréhension face à l’incompréhensible vécu par ses personnages. Ce même détachement de la condition humaine se retrouve dans les noms de ces entités, imprononçables par les humains, entre son guturaux et gargarismes. Ce même manque de référence se constate dans l’apparence des cratures de Lovecaft, protéiphormes, titanesques aux mutiple appendices, myriades d’yeux et de tentacules, parfois hybrides entre animal et végatal, parfois défiant toute forme de physique et de biologie élémentaires. Rien ne peut donc les rapprocher de ce que nous connaissons.
Quoi qu’il en soit nous pouvons dégager une histoire de ces créatures et ainsi en dessiner une cosmogonie.
Cosmogonie
La cosmogonie lovecraftienne n’est que partiellement définie mais semble tout de même posséder de nombreux points communs avec celles antiques, notamment avec la grecque ou la mésopotamienne.
Particulièrement en ce qui concerne le néant primordial. Chez Lovecraft il est personnalisé par les entités primordiales que sont La Ténèbre, le Brume Sans Nom ainsi que les vides intersidéraux et l’obscurité des entrailles de la Terre. Tout ceci fait écho aux néants primordiaux des religions humaines.
La majorité des cosmogonies débute en effet par ce néant. L’Apsu mésopotamien, le Tartare – chaos primordial grecque-, le Noun égyptien, ou le Ginungagap nordique. C’est La nuit précédent la lumière divine que l’on retrouve également dans la Bible. Mais la Bible vise à tout cloisonner. Dieu y est à l’origine de tout, or, dans les autres cosmogonies, c’est plus complexe. Une part est laissée à l’inconnu, c’est ce vide primordial, ce néant, ce chaos qui parfois est personnifié comme Tartare et d’autre fois abstrait. Il est donc cet inconnu qui précède même l’existence du divin et qui lui survivra probablement.
Et les dieux eux-même peuvent mourir, comme l’annonce le célèbre diptyque de Loveraft « N’est pas mort ce qui à jamais dort avec d’étranges éons peut mourir même la Mort » Chez Lovecraft le vide interstellaire, les antiques cités cyclopéennes ou celles englouties, les entrailles de la Terre ou le cœur des gigantesques montagnes antarctiques font office de Tartare. Un gouffre de ténèbres inaccessible à l’humain où dorment les forces primordiales du chaos prêtent à le dévorer. Ces lieux de ténèbres sont le placard, le dessous du lit repère du Croque-mitaine, le tombeau du vampire, la grotte de l’ogre. C’est une matrice archaïque intemporelle berceau de l’indicible et de nos pire peurs.
Dans la Théogonie d’Hésiode, traitant de la cosmogonie et de la théogonie grecque, dont s’inspira Lovecrat, rien n’est immuable. Les dieux sont soumis au cosmos et craignent même le chaos primordial où sont endormis ou prisonniers ses agents, le Tartare.
Ceci transparaît dans un passage de l’œuvre d’Hésiode qui sonne très Lovecraftien.
« C’est là que, de la terre ténébreuse comme du Tartare brumeux, du flot marin stérile comme du ciel étoilé, de toutes choses, côte à côte, sont les sources et les confins, ⎯ lieux de douleur, de moisissure, dont les dieux même ont horreur. Le gouffre béant est grand; même en toute une année menant son cours à terme, on ne saurait en atteindre le seuil, si d’abord on était à l’intérieur des portes, non : on se trouverait emporté çà et là par rafale sur rafale d’un ve nt de douleur ⎯ sort terrible, même pour les dieux immortels. »
Ce chaos est aussi l’au delà, le monde des morts et la dimension de l’éthéré. Il s’oppose à l’ordre harmonieux du divin comme Mot, dieu de la mort, qui s’oppose à Baal dans les mythes ougaritique. C’est un lieu stérile dénué de toute vie. C’est l’antimatière opposée à la matiere du vivant. Même le Dieu biblique omniscient et omnipotent ne semble pas y avoir accès ni de pouvoir dessus. Il doit y envoyer Jésus, son fils mort, afin d’en sauver les prisonniers. Ainsi Jésus vainquit la mort et revint du shéol et en ressucita comme Orphée s’échappa des enfers dans les mythes grecques ou le combat entre Yam et Mot.
C’est de cet abîme insondé que proviennent les entités lovecraftiennes. Et c’est dans ce même néant, qu’il soit tangible ou non, qu’elles sommeillent ou sont prisonnières à l’instar des titans dans le Tartare.
L’influence de la Théogonie d’Hésiode paraît donc prépondérante dans la mythologie de Lovecraft, à dessein ou non. L’écho de ces récits antiques résonne dans l’inconscient collectif et trouve dans les nouvelles de Lovecraft une adaptation plus cosmique. On retrouve ainsi le mythème de la Création dans les mythologies polythéistes, monothéistes, et locecraftienne selon lequel des entités divinisées par l’humain créèrent la vie et emprisonnèrent leurs ennemis dans les profondeurs de la Terre ou dans l’abîme du néant. Que ce soit les titans dans le Tartare, les anges déchus aux enfers, les démons maya à Xibalba ou les Grands Anciens dans les entrailles de la Terre et dans les vides interstellaires on observe le même archétype. L’Inferno de Dante reprend le même schéma, avec la description d’une cité souterraine peuplée de colossales créatures prisonnières. On assiste donc à un glissement spatial de la zone d’influence et de localisation tout en visant un même but.
Un autre aspect que l’on retrouve dans les mythologies polythéistes : les dieux s’affrontent. Comme les Grands Anciens bannis aprés leur défaite ou les autres dieux qui semblent eux aussi prisonniers ou endormis. Ceci se revèle dans la Titanomachie et de la Gigantomachie grecques. Le mythe de créatures géantes primordiales est récurrents dans de nombreuses mythologies comme nous le démontrons dans notre vidéo sur les Nephilim et le mythe des géants.
Mais en allant plus loin on peut souligner une différence notable : les divinités mythologiques résident sur Terre et emprisonnent leurs ennemis dans le néant. Or chez Lovecraft c’est l’inverse, les entités divinisées par l’Homme viennent du néant du cosmos et sont étrangères à la Terre mais y sont emprisonnées pour certaines.
Les divinités lovecraftiennes sont en effet extraterrestres ou extradimensionnelles brisant ainsi une proximité facilitant l’assimilation et la compréhension permise par les autres mythologies. Les divinités lovecraftiennes viennent des confins de l’espace, de l’inconnu, des ténèbres cosmiques par delà l’espace et le temps. Elles sont étrangères à la planète qu’elle colonisent et sont d’origine elles-mêmes inconnue. On ne peut donc les appréhender comme on appréhende les divinités anthropomorphiques des panthéons antiques ou un Dieu unique dont l’attention se concentre sur notre planète et notre espèce. Le logiciel théologique diffère complètement, les liens au divin se « désintimisent » et s’occultent. On est plus proche du mysticisme et de la métaphysique que de la religion dans son sens commun. Ces entités ne sont donc pas dans notre sphère. Car si certains dieux de religons antiques viennent d’autres planètes, ils proviennent de notre observation et non d’au delà.
Certain y verront un lien avec la fantasques théorie des anciens astronautes. Mais si dans ce concept des dieux venus d’ailleurs apportèrent connaissances et savoir à l’humanité, chez Lovecraft il n’en est rien. Ses entités n’ont nulle intention de nous élever ou de nous enseigner quoi que ce soit, juste de nous dominer et nous utiliser.
Il n’est pas étonnant que de nombreuses mythologies placent l’origine des dieux dans les étoiles tant cette zone infinie et inconnue fut l’objet de tout les fantasmes et de toutes les craintes. Les Annunaki sumériens, les Nommos des Dogons ou les divinités astrales en sont un bon exemple. Si l’on donne des noms de divinités aux planètes ce n’est pas anodin, car dans l’Antiquité ces astres, à l’instar du Soleil ou de Vénus, étaient divinisés.
Ainsi les entités de Lovecraft divinisées par ses protagonistes proviennent des confins de l’univers, du néant cosmique pareil au Tartare décrit par Hésiode. Et tout comme les titans et géants grecques nous avons ici à faire à diverses factions et autant de races plus étranges les unes que les autres. Autres Dieux, Anciens Dieux, Choses Très Ancienne ou Grands Anciens sont, parmi d’autres, les créatures peuplant le bestiaire horrifique sortie de l’imaginaire torturé de l’auteur.
Autres Dieux / Others Gods
« les Autres Dieux ! Les dieux des enfers extérieurs qui protègent les faibles dieux de la terre ! ».
Il s’agit d’entités primordiales originelles résidant dans les confins de l’univers d’où leur autre appelation de « Dieux extérieurs » (Outer Gods). A noter que lovecraft n’employa pas ce terme même si il parle de « dieux des enfers extérieurs ». Ici l’enfer est probablement le néant, l’abîme cosmique originel dont nous venons de parler. Ces entités semblent à l’origine de tout pouvant même jouer le rôle de démiurge.
Parmi elles nous pouvons citer Azathoth, Yog-Sothoth, Shub Niggurath, Nyarlatotep,Ténèbre ou Brume Sans Nom (Magnum Innominandum inscrit dans le Necronomicon dans « Celui qui chuchotait dans les ténèbres » et dans diverses correspondances.
Parmi elle la plus puissante, et sans doutee celle à l’origine de toutes choses est Azathoth.
Azathoth Est qualifié de « fléau sans contours qui blasphème et bouillonne au centre de l’infini ». Autrement appelé le « démon sultan », le « dieu aveugle et idiot » ou encore le « chaos nucléaire ».
« Au centre de l’ultime Chaos […] trône le dieu aveugle et
stupide : Azathoth, Maître de Toutes Choses, entouré d’une horde de danseurs
uniformes, berçés par le chant monotone d’une flûte démoniaque » Celui qui hantait les ténèbres.
Il semble être à l’origine de notre univers, sans doute l’instigateur du Big Bang.
Lovecraft le décrit comme un chaos nucléaire terrifiant présent à l’origine des temps et qui représenterait l’ensemble de l’existence. Bercé par le son d’un flute il est endormi. Mais si jamais il venait à s’éveiller cela signerait alors la fin de toute existence.
Son nom rappelle celui d’Astaroth. Initialement ce nom apparaît dans la Bible comme un dérivé de la déesse phénicienne Astarté, ou un pluriel d’Ashera (Asherot).Astarté étant l’Ishtar babylonnienne, la reine des cieux et des étoile. et avant cela Inanna chez les sumériens. Cette divinité souveraine et astrale descendit aux enfers enfin d’en occuper le trone. Elle devint ainsi la reine du néant originel.
Puis ce nom, comme toutes les divinités bibliques autres que YHWH, fut démonisé. Astaroth devint alors un puissant démon, un Grand Duc. Piégés dans les enfers il tenterait veinement de s’en échapper. Jean Wier dans son Pseudomonarchia Daemonum nous apprend que ce démon répond volontier aux questions qu’on lui pose à propos des choses les plus secrètes, et qu’il est facile de le faire causer de la création, des fautes ou de la chute des anges, dont il connaît toute l’histoire.
Tout cela rappelle donc fortement la condition d’Azathoth.
Une autre origine possible serait le nom biblique de Anathoth, la cité natale du prophète Jeremie (hypothèse avancée par Robert M. Price).
Le nom Azathoth pourrait égakement etre né de l’association d’Azazel, un autre démon, et de Thoth le dieu égyptien de la connaissance et de la sagesse.
Ce dernier, dans différents textes, est qualifié de « seigneur du temps » qui «créa le monde par le Verbe » (selon les textes d’Edfou) ou de « patron des magiciens ».
Azazel lui est mentionné dans l’Abomination de Dunwich aux cotés d’autres démons comme Belzébuth ou Belial pour décrire des manifestations d’entités extraterrestres. Ce démon du désert fait donc bien écho à Azathoth, qualifié de « démon sultan ».
Quoiqu’il en soit lovecraft s’appuie à nouveau sur des références connues pour que les noms de ses entités trouvent un écho et il procède par syncrétisme et étiologie. Il use ainsi de sonorités reliant son mythe fictif à ceux historiques de l’Antiquité.
Azathoth est décrit par l’auteur comme une masse informe qui se contracte et se dilate au rythme ténue de la flute Tru’nembra qui le maintien endormi. Autour de lui gravitent d’autres entités titanesques comme un atome entouré de ses électrons.
Peut être est il à l’origine de l’univers dont il occupe le centre. Il serait également le destructeur de planètes pareil à un gigantesque trou noir primordial, un chaos nucléaire comme il est d’usage de le qualifier. D’un point de vue astronomique il pourrait se référer à Sagittarius A, le trou noir au centre de notre galaxie la Voie Lactée.
C’est ainsi que Lovecraft nous décrit que la ceinture d’astéroides présente entre Mars et Jupiter serait la resultante de l’explosion d’une planàte sous les coups d’Azathoth. Et les entités gravitant autour de lui seraient comme autant de planètes et d’étoiles attirées par l’immense gravité de ce trou noir hyper massif.
Sa qualification de « dieu stupide » quant à elle signifie qu’ il n’est pas doté de conscience ou d’intélligence humaine, ce qui rappelle la gnose deiste voulant que le démiurge, créateur de tout, ne soit pas interventionniste et ni doté de conscience. Un lien ténu avec la gnose que nous allons developper sous peu.
Azathoth semble donc la force la plus puissante de notre univers. Mais comme Loveraft s’appuie sur l’astrophysique et notamment les recherches d’Albert Einstein, probablement accepte-t-il l’existence d’autres univers, d’autres dimensions. Ce qui expliquerait pourquoi Azathoth ne semble pas tout puissant et qu’il ait pu être contenu voir prisonnier par des forces encore supérieures. Celles de l’abimes par delà le voile de l’espace et du temps dont pourraient faire partie les Elder gods qui leur semblent opposés. Puis à Azathoth, qui parait lié aux choses matérielles de notre univers, est associée une autre entité Yog-Sothoth.
Yog-Sothoth, « le Tout-en-Un et le Un-en-Tout » est lui aussi emprisonné dans le chaos. Il est le « gardien de la porte entre le passé et
l’avenir, et de la porte des espaces interstellaires ». Il demeurerait ainsi dans les espace interdimensionnels des plans d’existence de notre univers.
Issu de Azathoth il se caractérisere par une omniscience et une asimilation au temps lui-même. Ainsi il trouve une résonance dans le paganisme voulant qu’il y ait une part divine en toute chose. Ce qui correspond à l’expression qui lui est associée « le Tout-en-Un et le Un-en-Tout ».
Yog-Sothoth est décrit comme un amas informe de globes oculaires iridescents éclosant ou se résorbant sans cesse. Il voit tout et sait tout, omniscient comme ceux de la Grande Race il détient la connaissance absolue. Il est la porte et la clef comme stipulé dan « L’affaire Charles Dexter Ward » et « l’Abomination de Dunwich » et ferait donc référence à la connaissance gnostique.
La Gnose
Pour ces deux entités un lien étrange avec le gnocisme peut être fait. En effet le nom de Yog-Sothoth ressemble à celui de Yaldabaoth le démiurge ou faux dieu chez les gnostiques. Ce nom viendrait de l’araméen ילדא בהות (yaldā’ bāhūṯ, « engeance du chaos »). À l’instar de Yog-Sothoth qui est lui aussi rejeton d’Azathoth le chaos nucléaire.
Dans la gnose,Yaldabaoth est une émanation du « vrai dieu » et serait à l’orginie de la Création en mélant la vile matière à l’essence divine. Une union désastreuse selon les gnostiques qui aurait donné naissance au mal. Yaldabaoth est souvent associé à Yhwh et on retrouve un principe similaire dans Genèse 6.4. De plus Yaldabaoth se serait rebellé contre le vrai dieu, tout comme semble-t-il le fit Yog-Sothoth qui sera de fait prisonnier comme les Grands anciens. Suite à cette rebellion Yaldabaoth créa la monde materiel et le dualisme bien/mal. Mais dans la gnose l’imperfection du matériel est le mal alors que la perfection de l’âme, elle, est le bien.
On voit donc bien le lien avec Yog-Sothoth lui aussi lié au chaos, d’essence divine et démieurge. Azathoth quant à lui est étrangement qualifié, nous l’avons vu, de « dieu aveugle et idiot ». Ceci pourrait paraître dégradant concernant une telle entité mais ces mêmes adjectifs se retrouvent pour désigner la gnose. En effet selon ses principes, le monde matériel rendit ignorants et aveugles de toutes vérités, réalité et sagesse. Et enfin le démiurge gnostique est considéré lui même comme aveugle et ignorant.
Nous aurions donc ici le matériel, Azathoth, et le démiurge Yog-Sothoth qui s’est rebellé face au vrai dieu
L’association Azathoth et Yog-Sothoth représenterait donc l’espace-temps, l’infini, le commencement de tout et son aboutissement. On pourrait parler de physique quantique notamment par des descriptions de forces nucléaires et d’énergies invisibles. De même certains y verront les deux forces de la gravité et de l’expansion de l’univers, la matière noire et l’énergis noir, la matière et l’anti-matière, des trous noirs ou trous de verre, et tant d’autres concepts astrophysiques. Ces deux entités semblent ainsi donner corps aux théories d’Albert Einstein sur la Relativité et la mécanique quantique dont était friand Lovecraft.
Azathoth serait donc le centre de l’univers, point originel d’où viendrait toute chose et Yog-Shothoth en serait l’expansion.Une opposition ou complémentarité qui créée un équilibre, comme antimatière et matière. De plus leur terminaison commune en « thoth » rappelle le dieu egyptien de la mort comme évoqué précédemment ou la traduction du mot « mort » en allemand, Tot.
Ainsi par cette mention Lovecraft implique une notion de danger mortel et un lien direct avec un autre existence, une autre réalité, celle de l’au delà.
Un autre indice du penchant de H.P. Lovecraft pour la gnose est le célèbre diptyque inscrit dans son Necronomicon.
« N’est
pas mort ce qui à jamais dort, et avec d’étranges éons peut mourir
même la mort». “That is not dead
which can eternal lie
And
with strange aeons even death may die”. Ici les « étranges
éons » ne font probablement pas mentionne à la mesure de
temps cosmique, comme certains le pensent. En effet chez les
gnostique l’éon est une entité éternelle émanant du dieu suprême.
A ces deux entités primordiales est associé Nyarlathotep « le chaos rampant » qui est leur serviteur et leur messager.
Il s’incarne différemment. Ainsi dans Celui qui hantait les ténèbres, il apparait sous sa forme primitive de créature ailée.
Mais dans La Maison de la sorcière il y est décrit comme un homme, « l’homme noir », qui est le protecteur des sorcières qui allaient pactiser avec Azathoth. Son nom, aux sonorités égyptiennes, se voit confirmé dans la nouvelle portant son nom.
« C’est alors que Nyarlathothep arriva d’Égypte. Qui il était, nul n’en savait rien ; mais, de vieux sang indigène, il ressemblait à un pharaon. » Nyarlatotep. Fait interessant, dans kaddath l’inconnue, Nyarlatotep apparaît sous les traits d’un pharaon, Nephren Ka, qui agresse le protagoniste, Randolf Carter. Ceci fait fortement penser à la légende de la malediction de Toutankhamon dont la tombeau de ce pharaon fut découvert par l’archéologue Howard Carter.
« Allez parmi les hommes et instruisez-vous de leurs usages, afin que
Celui de l’Abîme puisse savoir. À Nyarlathotep, le Puissant Messager, tout doit être rapporté. Et Il prendra la ressemblance des hommes, le masque de cire et la robe qui dissimule, et Il descendra du monde des Sept Soleils pour narguer… (Voix humaine.)… [Nyarl]athotep, Grand Messager, dispensateur d’étrange joie pour Yuggoth à travers le vide, Père des Millions d’Élus, Chasseur sur la piste… » chants issu de celui qui hantait les ténèbres.
Il semble être une des seules entités en liberté pouvant ainsi se déplacer à sa guise sous ses différentes formes. Sans doute sa condition de messager d’Azathoth et de Yog-Sothoth et de protecteur des Faible Dieux de la Terre lui permettent cela.
Il revêt ainsi le même rôle de messager divin qu’Hermès chez les grecs, Thoth chez les egyptiens, Shamash à Ougarit, le dragon chinois Huang Long, Eshu au Bénin ou encore le malakh biblique assimilé à un ange. Pour faire simple, toutes les religions ont un messager divin, qu’il soit lui même un dieu comme dans les cas cités, ou un animal voir un prophète, un prètre, un chaman, un mage, une pythie ou un oracle.
Comme dans la Bible, les divinités ne peuvent faire directement face aux hommes sous peine de les rendre fous ou bien pire. Ainsi est l’utilité du messager, faire l’intermédiaire entre le mortel et le divin. Et c’est pour quoi il revêt un aspect humanoïde, pour ne pas effrayer les hommes.
Quant à son nom, il pourrait provenir du kopt « ny har rut hotep » signifiant « Il n’y a pas de paix (sécurité, repos) à la porte ». Cette porte pourrait elle faire référence à la porte des dimensions que garde Yog-Sothoth ?
Quoi qu’il en soit, de nombreux rois et pharaons portèrent le nom d’Hotep (la paix) ou ses dérivés comme Amenhotep ou Imhotep.
Enfin les sorcières qu’il protégeait lors des sabbats vouaient un culte à l’icône médiévale du diable, le bouc noir, qui n’est ici qu’un Grand ancien, Shub Niggurat.
Shub-Niggurath, « le bouc ou la chèvre noir(e) des bois aux milles chevreaux » fait office de divinité de la fertilité dans le paganiste. Sa dénomination rappelle Pan, les satyres ou lediable dans l’imagerie notemment chrétienne. Si sa dénomination de chèvre peut faire penser qu’elle apparaitrait ainsi, il semblerait que cela ne soit qu’une représentation humaine d’une chose non définie. En effet dans une de ses correspondances Lovecraft la définit plutôt comme un nuage maléfique, une même description que pour la matérialisation des Autres Dieux ou de la Brume Sans Nom originelle. Shub Niggurat est la compagne de l’Innommable (Not-to-be-Named One). Tout ceci nous rappelle les parèdres des dieux principaux des panthéons antiques et qui ne devaient pas être nommés eux aussi à l’instar de Yhwh.
Elle pourrait faire ainsi référence à Ashéra la péredre de Yhwh. Un autre indice de cette parenté au Levant antique, se retrouve dans son nom où Niggurat ressemble fortement aux ziggurats, ces temples dédiés aux divinités mésopotamiennes. Sa qualification de « Mère de mille chevreaux » indique pour sa part qu’elle est liée à la fertilité et à la nature sauvage. Elle correspond donc également à la figure de la Mater Magna représentée notamment par Cybèle, déesse antique gardienne des savoirs. D’ailleurs Lovecraft y fait mention dans sa nouvelle « les rats dans les murs ».
Cette divinité d’origine phrygienne (l’actuelle Turquie) détient les clés de la Terre donnant accès à toutes les richesses détentrices des grands mysteres. De plus, selon les mythes antiques, elle devrait son nom à une pierre noire cubique tombée des étoiles. Elle est ainsi assimilable à l’Artemis grecque ou l’Asherah cananéene et même à la Vierge Marie. Dans le mythe phrygien elle rendit fou un homme qui l’éconduit le forçant même à l’auto castration. Un acte barbare que s’infligeront par la suite les prêtres de son culte accentuant ainsi le coté très lovecraftien du culte à mystère de Cybèle.
En ce qui concerne Shub Niggurat, de nombreux peuples humains, tout comme de nombreuses créatures non-humaines, semblent la vénèree et lui rendre un culte particulièrement en l’invoquant dans les sombres forêts lors de la nouvelle lune. Elle préside de fait tout naturellement au sabbath des sorcieres au cœur de ces sombres forêts. Nul trace du diable donc mais d’une entité extraterrestre influançant les humains par delà l’espace et le temps.
Ainsi elle serait à l’origine de l’image du diable invoqué lors de sabbath. Mais ses invocateurs, secondés de Nyarlatotep, ne pactisaient pas avec elle mais avec son maître, Azathoth.
A l’instar de Nyarlatotep d’autres entités revêtent un aspect anthropomorphique lorsqu’elles sont en contact avec les hommes. Il s’agit d’ Hypnos et de Nodens.
Nodens le « Seigneur du Grand Abîme » ou « l’immémorial ».
Il semble résider sur Bételgeuse dans la constellation d’Orion. Son nom viendrait
du dieu celte éponyme, Nodens qui est associé à la guérison, à la mer, et aux chiens. Pour le mer, le Nodens lovecraftien y est souvent représenté. Comme vivant dans les océans, dans un grand coquillage disposé sur le dos de dauphins. Et il est tout naturellement considéré comme le « dieu du grand abîme » ou des abysses.
La mention des chiens n’est pas non plus anodine. En effet dans la mythologie celte le chien fait office de passeurs d’âmes, un psychopompe, véhicule entre le monde materiel et celui de l’aprés vie. De plus le Nodens celte est représenté comme un pécheur, celui qui pèche les âmes des défunts. Ainsi il est intimement lié au royaume des morts celte, le Sidh
assimilable au Tartare grec. Ce même Tartare étant le néant primodial, l’abime. Or le nodens lovcraftien est le « Seigneur du Grand Abîme » dans L’Étrange maison haute dans la brume (1931) et La Quête onirique de Kadath l’inconnue ), et dans l’Etrange maison haute dans la brume.
« Un vaste coquillage à l’intérieur
duquel il y avait la forme grise et terrible du primitif Nodens, le maître du Grand abime. »
Son nom est très souvent évoqué lorsque Lovecraft parle de ses sous fifres les Maigres Bêtes de la Nuit sans Visage.(the night-gaunts) qui semblent les ennemis des grands anciens.
« Pour les créatures cornues et sans visages il ne saurait y avoir aucun danger sur terre puisque les Grands Anciens eux-mêmes les redoutent. Au cas où quelque entrave inattendue surviendrait de la part des Autres Dieux qui, dit-on, supervisent les affaires des petits dieux terrestres, les maigres bêtes de la nuit n’auraient pas besoin d’avoir peur car les enfers extérieurs
sont absolument indifférents à des oiseaux aussi silencieux et aussi glissants et qui, d’ailleurs, n’ont pas pour maître Nyarlathotep mais uniquement le puissant et très ancien Nodens. »
dans À la recherche de Kadath
Lovecraft le décrit comme un vieil homme, « le dieu blanchi par les âges. »
« Nodens, alors, étendit sa main flétrie » L’étrange maison haute dans la brume
« Le vieux Nodens
blanchi par les âges poussa un hurlement de triomphe quand Nyarlathotep, tout près de
sa proie, s’arrêta déconcerté » À la recherche de Kadath l’inconnue
« L’immémorial Nodens, depuis d’inimaginables profondeurs, avait soufflé ses conseils. » À la recherche de Kadath l’inconnue
Ainsi ce personnage anthropomorphique fait probablement référence au patriarche, que l’on retrouve en Zeus, Odin ou encore Yhwh, une divinité paternelle qui guide l’Homme.
Dans les récits de Lovecraft il fait office de deus ex machina, guidant et protégeant les hommes de Nyarlatotep, le chaos rampant, donc par extansion d’Azathoth et de Yog-Sothoth.
Serait-ce lui à l’origine de l’emprisonnement et du bannissment des Autres Dieux et des Grands Anciens dont il semble être l’ennemi ? Et ce grand abîme qui lui est lié, s’agit-il du néant primordial ?
Tout porte à penser que Nodens, très peu présent dans l’oruvre de Lovecraft et n’intervenant que rarement, joue pourtant un rôle capital dans la cosmologie.
Hypnos qui apparaît dans la nouvelle éponyme apparait lui aussi comme un homme et plus précisémment avec les traits d’un dieu greque. D’ailleurs son nom est emprunté à la mythologie grecque.
L’Hypnos grec est le fils de Nyx la nuit et le frère de Thanatos, la mort et il réside dans les terres inconnues de l’Ouest. Celui-ci peut endormir les hommes comme les dieux et est le gardien de la nuit. Hésiode en parle ainsi : « Là demeurent les enfants de la Nuit obscure, le Sommeil et la Mort, divinités terribles que le soleil resplendissant n’éclaire jamais de ses régions, soit qu’il monte vers le ciel, soit qu’il en redescende. Le Sommeil parcourt la terre et le vaste dos de la mer en se montrant toujours paisible et doux pour les humains. »
On pourrait ainsi comparer Nodens et Hypnos, dieux anciens, aux divinités primordiales des mythologies polythéistes, D’ailleurs leur noms sont parmi les rares emprunts directs à des divinités existantes.
Le terme de Dieux Trés Anciens, qui se rapporte également à eux, est une création de August Derleth qui cherchait à créer une hériachie et une filiation ainsi qu’une opposition manichéenne chrétienne contre balançant les maléfiques Grands Anciens auxquels ils s’opposent.
Les Grands Anciens (Great Old Ones) sont probablement les créatures lovecraftiennes les plus connues. Ils sont captifs sur Terre et dans les espaces interstellaires car ayant usé de magie noire et s’étant peut etre opposé à leur geoliers les Anciens Dieux selon des correspondances de Lovecraft. Mais dans ses nouvelles il ne fait nulle mention des causes de leur emprisonnement et de leur sommeil, un nouveau voile obscure jeté sur la théogonie lovecraftienne.
De part cette opposition avec les Anciens Dieux et leur emprisonnement dans les abîmes on peut aisément les comparer aux titans et géants grecs ayant connu un sort identique mais aussi aux cyclopes et hécatonchires notamment par leur aspect physique. En somme, des créatures élémentaires diformes, immenses assujetties au forces du chaos et opposées à l’ordre divin.
Condamnés à demeurer entre les galaxies ou dans les profondeur océanique et terrestres, ils sommeillent inertes, ou « morts » mais restent conscients et peuvent interagir, notamment avec l’Homme pour que celui les aide à se libérer de leurs prison interstellaire ou intraterrestre. Une libération programmée lorsque les étoile seront dans l’alignement adéquat. Une funeste prophétie calquées sur celles mayas ou nordique, l’anonciation de l’Apocalypse, du Ragnarok, de la fin de notre monde.
Les grands anciens, comme les autres groupes d’entités, ne sont pas composés d’une seule race mais d’un ensemble de créatures informes ou protéiformes.
Tout d’abord nous allons étudier la plus fameuse des créatures de Lovecraft, qui a d’ailleurs donné son nom au mythe dans sa générlaité, le grand Cthulhu.
Cthulhu. « Iä, Iä, Cthulhu fhtagn »
Lovecraft dans l’Appel de Cthulhu le décrit ainsi.
« Un monstre à la silhouette, vaguement anthropoïde, avec une tête de pieuvre dont la face n’aurait été qu’une masse de tentacules, un corps écailleux, d’une grande élasticité, semblait-il, des griffes prodigieuses aux pattes postérieures et antérieures, de longues et étroites ailes dans le dos. Cette chose, qui
paraissait distiller une malignité redoutable et dénaturée, était d’une corpulence
presque boursouflée »
C’est La plus précise description que nous possédions de l’entité. Et celle-ci n’est pas directe mais par le biais d’une statuette à son effigie. Sa description, comme pour toutes les créatures du mythe, reste donc vague, permettant au lecteur d’y apporter sa touche d’horreur et d’atrocité.
Arrétons nous un instant sur sa prononciation. Lovecrat utilisa des noms qui ne devait pas etre prononçables par les cordes vocales humaines, donc dans l’absolu ce nom comme les autres est tout simplement imprononçable. Chacun ainsi choisira la prononcia qui lui convient le mieux kssoulou, kassoulou, reuleu ou ktoulou. Cthulhu donc (…)
Le monstre marin
Le trait principal que l’on retient de Cthulhu est son facies de pieuvre hérissé de multiples tentacules. L’image du cephalopode est puissante. En effet cette créature représente le mal et les terreurs des profondeurs ocaniques. C’est le monstre marin par excellence, à l’image des calmars géants naufrageurs de navires, tels que l’antique Kraken nordique, Le Lusca des caraibes ou le monstre de Vingt mille lieux sous les mers de Jules Vernes.
Mais outre le céphalopode, c’est la place du monstre marin en général qui est prépondarénte dans les mythes marins. Que ce soit le Leviathan ou la baleine avalant Jonas dans la Bible, le
Kraken et Jormungandr le serpent nordique.
Nous pouvons également citer
Amikiti au Japon, monstre marin hybride d’un oiseau, d’un homard et d’un serpent ou Hai Ho Shang ou le poisson moine bouddhiste qui est un monstre marin qui attaquait les embarcations des chinois. On pouvait d’ailleurss’en protéger en exercant une danse rituelle.
Lovecraft s’inspire donc de créatures mythologiques qu’il replace dans son contexte fictif, reprenant l’évocation des tritons et autre driades et néréides dans l’étrange maison haute dans la brume, et il fait référence à des dieux grecs comme Poseidon dans la meme nouvelle . Il semble aussi s’inspirer des Marids qui sont des djinns marins, les plus puissants des djinns présents dans le Coran qu’on peut invoquer suite à un rituel afin d’obtenir d’eux des souhaits aprés les avoir combattus.
De la litterature on passe aisément au cinéma avec des fims comme Abyss, Sphere, les Dents de la mere, Leviathan, M.A.L, Pacific Rims, Underwater, Godzilla et tant d’autres films.
Tout ceci relève de la même conception imaginaire. Des monstres gigantesques vivent dans les profondeurs océaniques et nous veulent du mal. Et ceci se voit renforcé par le fait qu’on y trouve les plus grands spécimens du règne animal de notre planète, les baleines bleues ainsi que les calmars géants (pouvant aisément atteindre les 15 mètres). De plus l’Homme étant un animal terrestre, l’océan n’est pas son milieu, ce qui accentue ce ressenti de ne pas être à sa place. Il s’y voit ainsi déchu du sommet de la chaine alimentaire.
Cthulhu rentre ainsi dans un concept mythologique général de la créature primodiale titanesque. Sa silhouete même nous rappelle celle de Typhon aux diverses têtes et membres de serpents, ici les tentacules.
Egalement, quand on parle d’une créature ailée gigantesque, aux griffes acérées et couverte d’écailles, fussent-elles de poisson, on pense instinctivement au dragon dont Cthulhu emprunte les traits.
Dans la littérature et la mythologie souvent le dragon est l’ennemi, le gardien du seuil, le geolier, le vestige d’un passé affrontant le héros représentant lui l’avenir. Il est une créature élémentaire chtoniene, aerienne, éthérée, magique et cosmique, comme les dieux lovecraftiens. Les oppositions entre un héros et un dragon sont légion, que ce soit Siegfried combatant Fafnir, Saint Georges affrontant le dragon,
Thor contre Jörmungandr , Marduk contre Tiamat ou bien Ré contre Apophis. La liste est longue.
De plus Cthulhu et ses rejetons peuvent être rapprochés, dans la mythologie grecque, de la divinité marine primordiale Céto.
Celle ci est fille de la Terre Gaia et des flots Pontos. Elle est représentée comme un immense et horrible monstre marin, né d’un mélange d’une baleine, d’un requin, d’une raie et d’un dragon. Très lovecraftient encore une fois. Elle donna naissance, par union avec son frère, à de nombreux monstres marins.
Selon Hésiode parmi ses rejetons nous pouvons citer Échidna, les Gorgones (Sthéno, Euryale et Méduse), les Grées ainsi que Ladon, le « Dragon des Hespérides ».
Et c’est à céto que certains rois de la mythologie grecque sacrifient leur enfant, comme avec Andromede ou Hésione, afin de calmer le courroux des dieux, principalement de Poséidon. Ce thème est développé dans notre vidéo sur le Moloch et les sacfifices d’enfants.
Et tout comme pour cette divinité grecque, les adeptes de Cthulhu sacrifient en son nom et cherchent à l’eveiller et à le libérer de sa prison dans les profondeurs de l’Océan Pacifique dans la cité engloutie de R’lyeh. Comme l’énonce la fameuse litanie « Dans sa demeure de r’lyeh le défun cthilhu attend en révant » « Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn ». Cette cité engloutie n’est pas sans rappeler l’Atlantide de Platon.
Et même la science peut nourrir ce fantasme avec le fameux son enregistré dans le pacifique, le Bloop. Un son tellement puissant qu’il fut enregistré à plus de 5000 km de son point d’emission et qui reste à ce jour une enigme. Il se situerait qui plus est prêt du point Nemo, le lieu immergé le plus éloigné des terres – le plus éloigné de l’humanité de fait.
Certains y veront ainsi l’emplacement de la cité de R’lyeh et concluront, animé d’un fol espoir, qu’il s’agirait d’une manifstation du grand Cthulhu qui s’éveillerait.
Dans la nouvelle « l’Appel de Cthulhu » ce dernier y est également décrit comme le prètre des Grands Anciens. Sans doute une projection humaines car les entités lovecraftiennes ne sont des dieux que pour les hommes, et qui plus est, cthulhu ne semble vénérer aucune autre entité.
Par contre lui est bien vénéré, par des hommes dégénérés ou mutants qu’il influence dans leurs rêves ainsi que par d’autres créatures comme les Profonds .
Les Profonds/Ceux des profondeurs (Deep Oones)
Ces créatures amphibiennes anthropomorphiques, mi-homme mi-poisson, pourraient faire penser au mythe scandinave des sirènes et plus particulirement à celui de Margygr,la « géante de mer ». Un mythe que l’on retrouve également chez le peuple des Dogons du Mali avec les Nommos ou chez les sumériens avec Oannès et Atergatis tout comme avec Ningyo chez les japonais. Parmis ces Profonds, il en existe un gigantesque, qui semble les gouverner, et qui répond au nom de Dagon
Dagon est dans le panthéon lovrcraftien le dieu poisson, un des Grands Anciens et vassal ou allié de Cthulhu. On le retrouve dans la nouvelle éponyme, sous la forme d’un simple monstre marin et dans le Cauchemar d’Innsmouth comme un dieu vénéré cette fois-ci. On y apprend qu’un culte lui est rendu par des humains appartenant à l’Ordre Ésotérique de Dagon
Ce monstre marin est également nommé « Père Dagon » et possède une parèdre, « Mère Hydra ».
Dans la nouvelle Dagon, Lovecraft décrit le monstre éponyme ainsi : « D’un aspect répugnant, d’une taille aussi imposante que celle de Polyphème, ce gigantesque monstre de cauchemar s’élança rapidement sur le monolithe, l’étreignit de ses grands bras couverts d’écailles, tandis qu’il inclinait sa tête hideuse en proférant une sorte d’incantation ».
Ici l’écrivain traite directement de la mythologie grecque en comparant Dagon au cyclope que combattit Ulysse sur une ile dans son Odyssée. Un environnement identique à celui de la rencontre du narrateur avec la créature. Mais dans ce recit Dagon semble à l’instar d’Hydra, une créature inférieure du bestiaire. Il serait un Profond gigantesque, sans doute leur père d’où sa dénomination de « Père Dagon », mais rien de plus.
Il ne revêt sa condition de Grand Ancien que dans le Cauchemar d’innsmouth.
Pour son nom, Lovecraft s’insipira de la divinité du levant antique Dagon ou Dagan qui est attestée à Ougarit au IIIe millénaire AEC et qui faisait partie des elohim, fils de El le dieu suprême du panthéon. Il se pourrait même que Dagon et El à un moment donné furent la même entité.
On le retrouve ensuite dans le panthéon cananéen et plus précisément chez les philistins, ennemis jurés des israélites. Ce dieu d’origine sémitique jouit d’une très mauvaise image théologique dans la Bible et en fait donc un parfait prétendant pour les mythes de lovecraft.
En 1 sam 5,1-5 il apparaît comme le dieu tutélaire des philistins, desecendants des peuples de la mer (origine qui accentue son association à la mer donc)
Dagon sera plus tardivement représenté sous les traits d’un poisson (dag דג en hébeu voulant dire poisson) et il est orignellement une divinité de la fertilité (des semence et de l’agriculture). Dans le Livre de Jonas (2,1), le texte hébreu parle de dag gadol דג גדול
qui signifie « grand poisson ». Mais il ne semble pas que cette entité fut vénérée, comme certains le pensent, sous les traits d’un poisson.
Cette référence rentre dans le processus de mythification de Lovecraft qui cherche à démontrer que les mythes du monde ne sont que des variantes d’un même mythe, le sien. C’est pourquoi on retrouve de nombreuses mentions à des cultes et à des civilisations antiques comme dans L’étrange maison haute dans la brume où lovecraft rapporte une légende selon laquelle les atlantes auraient combattu des créatures sous marines répugnantes, sans doute les Profonds.
Le mythème du déluge et de la mer.
La mer et les mythes maritimes sont donc omniprésents dans l’oeuvre de Lovecraft notamment ratachés à Cthulhu et à son serviteur Dagon. Lovecraft place ces entités dans les deux lieux les plus méconnus de l’humanité, le fonds des océans et les confins de l’espace. Le froid, les ténèbres, la pression mortelle, l’immensité sont autant de thèmes conjoints aux deux environnements hostiles.
L’océan demeure un mystère même de nos jours. Ce monde du silence chere à Coustaud, cet abysse qui nous est étranger est pareil à l’infini du cosmos. L’on dit même que l’on connait mieux la surface de la lune que nos propres océans. Sombres, froids, hostiles, peuplés de créatures que nous n’imaginons même pas ou auxquelles nous donnons vie.
De même le mythe universel du cataclysme, du déluge, détruisant une civilation de surhommes, se retrouve chez Lovecraft. Ce mythe quI nous est parvenu dans se version la plus ancienne, date de l’époque sumérienne dans l’Épopée de Gilgamesh au travers du mythe d’Uta-Napishtim (ou de l’Athrahasis). Un mythe repris à postériori dans la Bible et la mythologie nordique ou encore avec dans le Matsya indien.
Outre le cataclysme en lui-même, est surtout traité l’exitence de civilisations antédiliviennes comme Mu ou l’atlantide, avec lesquelles se confond Rlyeh, cette cité préhistorique cyclopéenne qui sert de sarcophage au grand Cthulhu. De pareilles cités seraient disséminées à travers le monde, à l’image de celle en Antarctique figurant dans le recit Les montagnes hallucinées, qui sont le berceau des choses très anciennes.
4 Les Choses Très Anciennes (Elder Things, Elder Ones, Old Ones)
Ce sont des hybrides d’animal et de végétal au corps massif en forme de tonneau mesurant dans les trois mètres de haut, dotés de tentacules, de cinq grandes ailes membraneuses ainsi que d’une tète en forme d’étoile à cinq branches pourvue de cinq yeux. Dans la nouvelle les montagnes hallucinées il nous est dit que ces entités furent les premières à débarquer sur Terre il y a de cela 1 milliard d’années et qu’elles seraient à l’origine des premières formes de vie sur notre planète. Dans un premier temps pour les nourrir ou les servir, comme les Shoggots, et dans un second temps par erreur. Cette mention de créatures nées pour servir ce qui s’apparente à des dieux se retrouve dans diverse mythologies comme chez les mésopotamiens pour qui la création de l’humain par les Annunaki répondit au besoin de remplacer à la tâche les Igigi qui les servaient jusque là.
La nouvelle La maison de la sorcière nous apprend que cette espèce est probablement originaire d’un système à trois étoiles compris entre l’antique constellation Argo Navis et celle d’Hydra.
Après leur installation en Antarctique,les choses très anciennes colonisèrent progressivement les fonds marins et les zones désertiques y bâtissant alors des cités notamment dans les fosses océaniques de l’Atlantique.
Ces êtres réussirent à adapter leur organisme aux voyages interstellaires et aux pressions des grands fonds grâce à des procédés chimiques sans doute issus de leur grande connaissances en bio-ingénierie et en génétique. En effet chez Lovecraft la science fiction se limite aux connaissances plus qu’aux objets eux mêmes. Nuls vaisseau spatial donc et très peu de mentions d’armes futuristes sinon évoquées brièvement. Ces êtres sont donc doté d’un haut degré de développement intellectuel leur permettant des prouesses qui, à nos yeux, relèvent du divin. Les Shoggots, leur creation, se rebellèrent contre eux ce qui semble enteriner le début de leur déclin, le tout couplé à leurs oppositions aux rejetons de Cthulhu, aux Mi-go et à la Grande Race de Yith.
5 La Grande Race de Yith
Il s’agit d’une ancienne race d’extraterrestres capables de projeter leur conscience dans n’importe quel corps à n’importe quel moment du temps, passé ou futur.
Si la Grande Race par sa passivité semble une race bénéfique et protectrice pour l’humanité il n’en est rien. Elle a juste besoin de corps pour s’incarner et voyager dans le temps et l’espace. Qui veut voyager loin ménage sa monture ! Les humains, comme les autres espèces, leurs sont donc utiles. Même leurs grands ennemis les Polypes Volants ne sont pas détruits mais emprisonnés. La Grande Race agit en effet comme des scientifiques étudiant et expérimentant, donc sans morale ni jugement de valeur.
Ceux de la Grande Race de Yith sont ainsi dotés d’une technologie si avancée qu’elle leur permet de voyager librement dans l’espace-temps. Ils réussissent à projeter leur esprit par delà l’espace et le temps dans des corps de créatures échangeant, le temps de l’expérience, leurs esprits (Un peu à la façon de la série tv Code quantum). Ainsi dans leur nouveau corps hôte ils acquièrent de nouvelles connaissances qu’ils consignent. Une fois fait ils se retirent et replacent l’esprit original dans son enveloppe. Ce dernier ne garde alors que des bribes de souvenirs de l’événement. On peut voir ici une mention du mythe des abductions extraterrestre ou de la possession. Et sur un plan médical une interprétation de la paralysie du sommeil. Mais face à la destruction de son monde cette race de scientifiques explorateurs fuit sa planète natale de Yith et posséda des créatures sur Terre pour s’y installer. Il s’agissait de créatures hautes de trois mètres au corps conique doté de quatre membres extensibles au bout desquels se trouvaient la tête, des organes ainsi que des pinces servant notamment à leur communication au moyen de claquements. Mais encore une fois ce n’est qu’une enveloppe d’emprunt receptacle de leur conscience.
Ensuite, il y a 600 millions d’années, une terrible et colossale race d’extraterrestres, les Polypes Volants qui étaient aveugles et dotés d’un esprit comme nul autre, investit quatre planètes du système solaire dont la Terre. Leur perception de l’environnement et leur conscience étaient radicalement différentes des nôtres. Et même ceux de la Grande Race, coutumiers de la possession, ne pouvaient l’exercer sur ces entités à demi-matérielles. Ces polypes étaient dotés d’une étonnante élasticité. Il lévitaient sans ailes et pouvaient se rendre invisible ou encore contrôlaient le vent en émettant un sifflement terrifiant. Puis ces entités colonisèrent la Terre y exterminant les êtres vivants, et y bâtirent d’immenses cités noires au tours aveugles. La Grande Race témoin de ce parasytage décida d’intervenir et grâce à sa technologie parvint à vaincre les entités colonisatrices et à les repousser et à les emprisonner dans les entrailles de la Terre. Puis la Grande Race de Yith investit ces anciennes cités noire et s’installa sur Terre gardant les Polypes prisonnièrs. Mais au fil des âges la monstrueuse race captive fomenta sa vengeance qui aura bien lieu. Car la Grande Race connaît l’avenir et est consciente de cet affrontement eschatologique. (comme expliqué dans la nouvelle Dans l’abime du temps).
Ceux de la Grande Race de Yith s’opposèrent aussi aux Choses Très Anciennes. Mais voilà comme souvent dans l’œuvre de Lovecraft on fait face à un soucis. S’agit-il de faits et de races distincts ou bien d’interprétations de faits et de race uniques ? Ces polypes prisonniers des entrailles de la Terre qui se libéreront et mettrons fin à l’humanité ne sont pas sans rappeler les Grands Anciens eux aussi exilés et dont le réveil est programmé. Quoi qu’il en soit Ceux de la Grande Race de Yith seront vaincus par leurs prisonniers et devront alors s’incarner dans des insectes pour leur survie. A noter que ce choix, outre physique, rejoint leur organisation et leur comportement collectif à l’instar des insectes.
Les faibles dieux de la terre (Great Ones, gods of dreamlands)
Les dieux de la Terre occupaient en des temps anciens les sommets montagneux, avant que l’Homme ne colonise ces régions. Alors les Dieux de la Terre, qualifiés de faibles, se retirèrent sur le plus haut des sommets, le mont Hatheg-Kla. Puis ils partirent à Kaddath, cité perdue dans l’espace et le temps hors de la Terre dans un désert de glace. Ils y revêtent alors l’appellation de Dieux des contrées du rêve car il semblerait que la cité ne soit accessible aux hommes que par le biais de leurs songes.
Mais nostalgiques de leur passé, ces entités reviennent la nuit danser en haut du mont Hatheg-kla protégés par les Autres Dieux et Nyarlathotep.
Les Faibles Dieux de la Terre ne semblent de prime abord pas hostiles envers l’humanité, préférant même fuir les homme plutôt que de se confronter à eux et devant même faire appel à d’autres créatures pour les protéger. On retrouve ce coté inoffensif dans leur qualification de « Faibles » Dieux de la Terre »
« Au sommet du pic le plus élevé de la terre, demeurent les dieux qui ne souffrent pas qu’aucun mortel les regarde (…) Ils vivent à présent au pays inconnu de Kadath, dans un désert glacé qu’aucun homme ne traverse,» in « les Autres Dieux. (…)
Parfois, quand les dieux ont la nostalgie de la terre, ils viennent rendre visite dans la nuit calme aux pics qu’ils habitaient autrefois, et ils pleurent doucement en essayant de jouer comme jadis sur les pentes. » Il s’agit d’un récit étiologique mythologique expliquant la pluie et l’orage sur les monts.
Parmi eux on peut citer Oukranos, Zo-Kalar et Tamash dont les noms rappellent fortement les divinités grecque Ouranos et mésopotamiennes Khotar et Shamash.(dans La malédiction de Sarnath)
Ces dieux sont, de par leur appellation de « Dieux de la Terre » ainsi que de part leur occupation des montagnes terrestres, facilement assimilables aux dieux olympiens eux aussi habitant le sommet d’une montagne et même au Yhwh primitif, dieu guerrier de la montagne de l’orage et de la pluie.
Outre ces races principales nous pourrions citer les mi-go, les Dhole, les Yaddithian, l’abomination de Dunwich, Yig, le Serpent à Plumes et bien d’autres.
En fait toutes ces terminologies et ces noms de races ne sont pas les noms que ces entités se donnent elles-même mais que les différents peuples et mythologies leur octroient. D’où les incohérences et la superposition des termes d’un récit à l’autre. In fine on pourrait parler de plusieurs groupes d’entités
CONSTITUTION DES MONSTRES
Si Lovecraft cherche à attiser un pouvoir d’évocation de références mythologieques connues, il cherche égalemnt à ce que nous perdions les reperes qu’elles nous proposent. En effet tout ce qui concerne ces entités doit nous être inconnu. Elles sont à l’instar de l’ésotérisme un mystère, un secret, que seuls les initiés peuvent appréhender, que ce soit au travers d’études poussées, de la lectures d’ouvrages interdits, de la gnose, de mutations, de rêves ou de l’apothéose. Les monstres ainsi ne représentent aucun animal disctinct mais un amalgame informe et impie de la soi-disant perfection de la création. Si certains semblent chimériques, comme Cthulhu, cela ne résulte que de la description que les hommes en font. Ils usent ainsi de références connues pour décrire ces choses qui leurs sont étrangères. Comme une sorte de paraleidolie, procédé neuronal visant à trouver dans des formes chaotiques des formes qui nous sont familières.
LE MONSTRE ET SON IMAGE
Dans l’inconscient collectif le monstrueux sympbolyse le blasphème de l’ordre divin. Selon certains chercheurs l’humain trouverait en effet la beauté dans la symétrie, comme pour un visage humain. La diformité n’est alors comprise qu’en comparaison de nos canons de beauté. Que ce soit la mutation ou l’hybridation elles corrompent le parfait de la Création notamment dans la pensée judéo-chrétienne. Dieu nous ayant fait à son image toute altéerration de cette perfection découlerait du mal. Dans toutes les mythologies, contes ! légendes et fables, le mal est représenté par une créature monstrueuse, un ogre, un dragon… Il symbolise l’inhumanité, la bestialité et le paien. Car le bestial s’oppose au sociétal, il est l’expression même des instincts individuelistes que la société réfreine ou cloisonne. Il est l’amoralité sans religion ni soumission d’ordre non naturel. Il est donc la nature primitive avant l’influence de l’homme. Car le mal est ce qui ne peut être controlé ou qui n’est pas de notre fait ou des dieux que nous créons.
Lovecraft cherche ainsi a dépasser la conception meme du divin en bousculant la représentation anthopomorphique des dieux. Car nos dieux sont beaux. Mais Ici nul lien spirituel ou physique avec notre espèce. Ils ne sont pas à notre image mais au contraire ils vont à l’encontre de l’image que nous nous faisons du divin. Mais ceci n’est vrai qu’après l’ère chrétienne car les divinités des panthéons polythéistes antiques souvent étaient des hybrides d’humain et d’animaux voir même des créatures fabuleuses. C’est l’anthropocentrisme des religions monotheistes qui modifia ce rapport au divin. Nous sommes à l’image de Dieu « nôtre père » étant sa création favorite et ultime, donc il ne peut que nous ressembler. Lovecraft lui bouleverse ce système, l’homme n’est qu’un parmi d’autres monstres. Car oui pour ces entités nous sommes des monstres. Noyé que nous sommes dans cette comédie inhumaine de ces monstre dont parle Francis Lacassin.
Et tous les exobiologistes sont d’accord, si d’autres créatures vivantes existent dans l’univers, la probabilité qu’elles nous ressemblent est quasi nulle. Ainsi dans la notion lovecraftienne l’homme n’est qu’un maillon dans la chaine de l’évolution.
Le gigantisme des créatures lui aussi est fort en symbolisme. Il représente les créatures d’un monde précedent l’humanité. Que ce soit les dinosaures ou les géants et titans mythologiques ils sont les vestiges de ces âges sauvages, quand l’homme ne dominait pas la nature ou n’en faisait même pas partie.
Ils sont le symbole de l’ancien monde, de la genèse de la vie avec ces cellules protéiformes. Ils sont l’essence même de la matière première et de l’optimisation face à l’environnement. Il sont à la fois l’origine de la vie, de part leur forme protozoique, mais aussi sa finalité de part leurs capacités et leur intégration cosmique.
Ainsi Autres Dieux, Anciens Dieux, Grands Anciens et tout le cortège du bestiaire les accompagnant seraient selon Lovecraft la seule vérité de notre monde, ou plutôt de leur monde.
Conclusion
Si la cosmogonie et le théogonie lovecraftiennes restent floues et lacunaires, nous pouvons neanmoins en conclure un désir de l’auteur de justifier l’ensemble des croyances de l’humanité comme étant l’interprétation de la manifestation d’entités extraterrestres établies sur Terre bien avant notre existence. Nous sommes sur leur domaine et seul leur sommeil et leur emprisonnement nous protègent de leur furie. Nous voilà descendus de notre pied d’estale chutant du sommet de la chaîne alimentaire et intellectuelle relégués au simple rang de bétail. Ainsi cosmicisme, materialisme, insignifiance de l’humanité sont autant de thèmes abordés par la mythologie lovecraftienne que nous allons étudier plus en détail dans la prochaine vidéo. Refermons cette fenêtre donnant vers l’inconnu, car nul besoin de regarder au delà de cette pièce sombre regorgeant d’ombres malfaisantes qui nous épient. Rejoignons le monde onirique, passerelle vers des univers encore plus merveilleux et terrifiants dominés par des entités dont la seule mention pourrait nous rendre fous. Car n’est pas mort ce qui à jamais dort, mais avec d’étranges eons peut mourir même la mort.
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